Lundi 5 février 1 05 /02 /Fév 21:15

 

Le choc

Après cet ultime rapport au cours duquel je n’ai, encore une fois, pas contrôlé grand-chose, on s’habilla rapidement et nous avons pris un petit déjeuner qui nous fit aussi office de déjeuner. Les gens qui se la pète et qui aime utiliser des mots branchés pour faire croire qu’il font des choses originales, appellent ça un brunch, issu de la contraction de breakfast et lunch.

 
Il s’est alors passé une scène qui est resté dans ma mémoire et qui le restera un bon bout de temps. Radégonde était à table et je me suis approché d’elle, l’esprit encore à moitié endormi et l’autre moitié aux anges. Et là, elle me regarda et me dit : « Bon ben, pour la nuit, ça fait 50 euros »…

 
Je suis resté scotché au plancher. Quoi ? C’était donc …. une prostituée ? Je n’ai rien contre les professionnelles, non, c’est la situation qui me dérangeait. J’avais cru une nuit durant que j’étais capable de plaire physiquement, c'est-à-dire qu’une fille accepte de passer la nuit avec moi. Vous imaginez ce que ça représente quand on est totalement perdu, sans aucune certitude ? Là, franchement, je tombais de haut, de très haut. Je retournais donc dans le doute. Serais-je capable de plaire à une fille, ne serait-ce qu’une nuit ? Apparemment non. Je venais de prendre une sacrée claque dans la gueule. Radégonde se repris « Qu’est ce que je raconte, c’est 500 euros ».

 
Peu importe le prix, ce n’est pas ça qui compte. C’est de mettre fait abuser, d’avoir cru être normal. Je n’en voulais même pas à la fille, elle avait trouvé un  pigeon, c’était bien pour elle. Je m’en voulais à moi, à ma crédulité. J’étais une grosse merde et je ne m’en étais même pas aperçu. Elle continua « Et puis même 5 000 euros va ! ». Je la regardais triste et inquiet. Je ne comprenais pas ce qu’elle voulait réellement. Elle ajouta « Voir même 50 000… Bon faut que je dise combien pour que tu comprennes que c’est une blague ? »

 
Et oui, c’était une blague et défaitiste comme je suis, j’ai pris la boutade au premier degré. A ce moment là, je me suis trouvé avec l’air bien con ! Car Radégonde à bien vu que j’ai cru que c’était une pute, ça ne lui a pas fait plaisir du tout… Quelle idée de faire une blague comme ça, franchement ! Il s’en est suivi un silence où nous étions tous les deux gênés. Je l’ai interrompu à l’aide d’une blague à deux balles, j’ai dit : « ça fait quand même du bien de rencontrer la future mère de ses enfants ». Ce fut à son tour de prendre une tête apeurée. On s’est fait un sourire, puis un bisou, le malaise était passé.

  

Je suis reparti chez moi peu de temps après. Depuis, je n’ai jamais revu Radégonde. On a gardé le contact par mails. Je ne la sens pas très motivée pour repasser une nuit avec moi. Je lui aurai bien demandé d’être mon coach sexuel, mais elle habite à 400 kilomètres, c’est un peu loin. Y a 10 millions de personnes en ile de France, soit environ 4 millions de femmes de plus de 15 ans, je ne vois pas pourquoi je me ferai chier à faire 800 bornes aller-retour pour tirer quelques coups.

 
Mais bon, ça m’a ouvert l’appétit. Je me suis aperçu de tout le bonheur que je ne profite pas en restant seul. C’est surtout la vie en couple qui me manque le plus, c’est d’avoir des projets, avoir quelqu’un à ses cotés. Aller, j’arrête d’y penser, je vais déprimer.

  

  

FIN

   


Par Pete Oyable - Publié dans : Récits de ma vie sexuelle
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